La Carte et le Territoire
Michel HOUELLEBECQ
428 pages
Editions Flammarion (septembre 2010)
Quatrième de couverture
Si Jed Martin, le personnage principal de ce roman, devait vous en raconter l’histoire, il commencerait peut-être par vous parler d’une panne de chauffe-eau, un certain 15 décembre. Ou de son père, architecte connu et engagé, avec qui il passa seul de nombreux réveillons de Noël.
Il évoquerait certainement Olga, une très jolie Russe rencontrée au début de sa carrière, lors d’une première exposition de son travail photographique à partir de cartes routières Michelin. C’était avant que le succès mondial n’arrive avec la série des « métiers », ces portraits de personnalités de tous milieux (dont l’écrivain Michel Houellebecq), saisis dans l’exercice de leur profession.
Il devrait dire aussi comment il aida le commissaire Jasselin à élucider une atroce affaire criminelle, dont la terrifiante mise en scène marqua durablement les équipes de police.
Sur la fin de sa vie il accédera à une certaine sérénité, et n’émettra plus que des murmures.
L’art, l’argent, l’amour, le rapport au père, la mort, le travail, la France devenue un paradis touristique sont quelques-uns des thèmes de ce roman, résolument classique et ouvertement moderne.
Mon avis
" Despentes contre Houellebecq, arbitrez le choc des styles avec PriceMinister ", telle était la proposition. Tous deux auteurs ayant suscité encensés ou vilipendés... Virginie Despentes ne me "branchait" pas, j'avais eu l'occasion d'en lire, mais bof bof, très bof.
Michel Houellebecq mérite-il l'engouement ou doit-il être vouer aux gémonies ?
Lisons, lisons... (pour partie, en voiture...).
* Michel Houellebecq pratique le name dropping = utilisation de noms réels (personnes, marques,...) ;
* Qu'il mélange à des inventions (l'outing de J-P. Pernaut, le SigSauer M45, etc.) (oui, je suis allée vérifier les infos dont je doutais...)
* Michel Houellebecq aime les notices type "wikipedia" (F. Nihous, le bichon) ou la fiche métier du commissaire de police, par exemple ;
* Il aime les mots en italique (et il y en a des paquets...) ;
* Pratique-t'il l'autodérision ou la publicité ?
Il dresse son propre portrait sans complaisance, tel qu'il est présenté par les médias : vieux, moche, alcoolique, fumeur, asocial... " un vieux décadent fatigué" (page 173) ;
* Des points qui me gênent à la lecture :
- "par contre" : on doit employer "en revanche" (c'était la spécialité d'un prof que de nous reprendre...) ;
- À : j'ai appris à l'école (ok, ça date) qu'il n'y avait pas d'accent sur les majuscules... (et ce n'est pas le seul livre...) ;
- "FR3" (page 102), dans les années 2010 : la chaîne s'appelle France 3 depuis 1992 ;
- "barquette de jus d'orange" (page 251) : je connaissais les barquettes de fraises et les briquettes de jus de pommes, mais pas les barquettes de jus d'orange (peut-être y en-a-t'il en Irlande ;) ?)
* Après avoir quitté l'Irlande, l'écrivain s'est installé en Espagne, pas au fin fond de la France ;
* page 181 : l'écrivain parle de Beauvais... Cela me rappelle "Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730 - Contribution à l'histoire sociale de la France du XVIIème siècle", Pierre Goubert, 1960 = un truc qui a hanté mes années d'études... (et franchement, faut être motivée par une note à un examen pour en lire, ne serait-ce que des extraits) (dans le même style, Fernand Braudel et la Méditerrannée à l'époque de Philippe II...) ;
* Décollation (page 309) : pour les rois et les nobles, les autres, on les décapite...
Qu'en dire ?
On suit un jeune homme, Jed Martin, qui devient un artiste célèbre, on croise des tonnes de gens célèbres, dont F. Beigbeder qui est un ami de M. Houellebecq (tiens, j'aurai plutôt pensé B-H Levy, avec qui il a co-publié des échanges de courriels dans Ennemis publics (oui, moi aussi, je fais des recherches sur le net !)), puis Michel Houllebecq, puis un comissaore de police et à nouveau Jed Martin. Les années s'écoulent comme des minutes...
Ai-je aimé ? Détesté ?
Ni l'un, ni l'autre !
Un style ou des styles, un roman, récit puis polar, une vision du père, de la solitude... Je m'attendais à un style "néo-roccocco-ampoulé-incompréhensible", je ne l'ai pas vu.
Je m'attendais à du sexe gras et lourd, on n'y échappe pas, mais rien d'outrancieux ou de scandaleux...
La scène macabre est étrange, mais là aussi, je n'ai pas été heurtée (je dois être blindée avec tous les polars et autres thrillers que je lis !).
Quelques longueurs, je n'y comprends rien en focales d'appareils photographiques.
En bref : je ne l'aurai pas lu si on ne me l'avait pas proposé (quant à en lire d'autres, on verra...)
Mais j'ai trouvé cette lecture distrayante et originale.
Merci à pour ce match littéraire !
Moi, je veux bien un appareil photographique avec "détection automique des sourires" !