Là-haut, tout est calme
Gerbrand BAKKER
367 pages
Editions Folio (2011) (Gallimard : 2006)
Boven is het stil (traduction littérale)
Lecture commune avec Keisha
Helmer van Wonderen vit depuis trente-cinq ans dans la ferme familiale, malgré lui. C'est Henk, son frère jumeau, qui aurait dû reprendre l'affaire. Mais il a disparu dans un tragique accident, à l'âge de vingt ans.
Alors Helmer travaille, accomplissant invariablementles mêmes gestes. Un jour, sans raison apparente, il décide d'installer son vieux père au premier étage, de changer de meubles, de refaire la décoration de lamaison. Tout s'accélère quand il reçoit une lettre de Riet, lui demandant de l'aide. Elle fut la fiancée de son frère et à l'origine de son accident mortel...
En se mettant dans les pas d'un paysan du nord de la Hollande, Gerbrand Bakker évoque avec précision et poésie le désir humain de maîtriser sa vie. Il entraîne le lecteur dans une inoubliable quête du bonheur.
Gerbrand Bakker est né en 1962. Après des études de lettres à Amsterdam, il a exercé différents métiers, puis publié un livre pour adolescents en 2004. Là-haut, tout est calme, son premier roman, a été le phénomène éditorial de l’année 2006 aux Pays-Bas. Depuis, il a été traduit avec succès dans de très nombreux pays.
Tentée par Kathel et TuLisQuoi (qui l'a gentiment envoyé.. mais je ne m'en souvenais pas, voir ici) (Kathel écrit que ce fut un coup de coeur, livre à ranger à côté des "Chaussures italiennes" [...] et de "Rosa Candida". J'aurai dû y songer, Rosa Candida ne fut pas LE livre coup de coeur pour moi !)
"inoubliable quête du bonheur" = inboubliable... pas pour moi et je ne suis pas convaincue qu'il recherche réellement le bonheur... non, plutôt "pas de vagues"...
"tout s'accélère" = par rapport à quoi à quoi ? pas de repère dans le temps, oui, il semble qu'il ne se soit pas passé beaucoup de choses, les 40 années précédentes (pourquoi 35 années ? il a toujours vécu dans cette ferme... ), depuis la mort de son frère.
Helmer (dont le prénom du jumeau était Henk, commençant par la même lettre) est le premier né, il parle toujours de son jumeau comme le plus jeune... Historiquement (et en droit), le jumeau qui né en second est considéré comme l'aîné [ah l'Histoire !] car il était considéré qu'il était au fond de l'utérus, donc le plus âgé, celui conçu en premier ! Il n'aime pas son père et répête à l'envi que son père lui préférait son frère, qui comptait reprendre la ferme, d'autant que lui part étudier les lettres... De même, Riet, alors qu'elle recontre les deux frères le même jour ne lui accordera pas un regard.
Son frère décède. Il abandonne, sur ordre de son père, ses études et reprend la ferme. Il ne se rebellera jamais : il reçoit une lettre de l'université, il la range dans un tiroir. Comme la lettre des Eaux & Forêts : même chose : il n'en fait rien. Il la range, ne la jette pas, ne la déchire pas, n'y répond.
Comme pour tout le reste : il ne fait rien. Il est atone.
Il attend que les choses soient décidées pour lui.
Seul réconfort pour lui ? Poser sa tête contre la panse d'une vache lors de la traite. Ou apprendre sur une carte qu'il a encadrée, les villes du Danemark, plus particulièrement celles de Sjælland (et pas Sjaelland : il y a un "e dans l'a").
Il dit que son père le déteste, mais lui, que fait-il ? Il installe son père en haut, dans une chambre, le lave quand il en a envie, l'emmène à la selle quand il le souhaite, le nourrit quand cela lui plaît, en restreignant les doses et lui refuse la visite d'un médecin. Il relègue son père à l'étage pour mieux l'oublier (arguant à Ada, sa voisine, qu'il se repose, qu'il perd la tête, etc.). Il repeint et change de meubles, pour effacer la trace de son père ?
Le garçon de ferme, renvoyé par son père, était semble-t-il le seul qui avait un lien avec Helmer. Mais le fait qu'il lui apprenne le patinage en le poussant m'a gênée.
Mais surtout, Helmer est atone, indolent, amorphe, terne, passif...
Donc, non, même si l'histoire est encore plus lente [après la slow food, vive la slow story] qu'une planque de Varg Veum (détective privé de Gunnar Staalesen) (ici et là), ce fut une lecture qui a fini par m'agacer. Mais j'ai lu jusqu'au bout...
(couvertures hollandaise (reprise dans de nombreux pays), anglaise, danoise, norvégienne et allemande)
chez Kathel