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L'Oiseau-Lyre (ou l'Oiseau-Lire)
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10 novembre 2011

La Ferme africaine

Karen BLIXEN
publié sous le pseudonyme Isak DINESEN

416 pages
Editions Gallimard (5 mai 2005)
Den Afrikanske Farm (1937)

Jeg havde en farm i Afrika ved foden af bjerget Ngong
(première phrase que je connais par coeur depuis plus de vingt ans : J'ai possédé une ferme en Afrique au pied de la montagne Ngong.)

lecture commune bouquinbourg
(logo de Bouquinbourg)
avec Sharon , George et MimiPinson

Quatrième de couverture
ferme africaine" Quand le souffle passait en sifflant au-dessus de ma tête, c'était le vent dans les grands arbres de la forêt, et non la pluie. Quand il rasait le sol, c'était le vent dans les buissons et les hautes herbes, mais ce n'était pas la pluie. Quand il bruissait et chuintait à hauteur d'homme, c'était le vent dans les champs de maïs. Il possédait si bien les sonorités de la pluie que l'on se faisait abuser sans cesse, cependant, on l'écoutait avec un plaisir certain, comme si un spectacle tant attendu apparaissait enfin sur la scène. Et ce n'était toujours pas la pluie.
Mais lorsque la terre répondait à l'unisson d'un rugissement profond, luxuriant et croissant, lorsque le monde entier chantait autour de moi dans toutes les directions, au-dessus et au-dessous de moi, alors c'était bien la pluie. C'était comme de retrouver la mer après en avoir été longtemps privé, comme l'étreinte d'un amant. " Le travail d'Alain Gnaedig, un des plus éminents traducteurs des langues scandinaves, mais aussi l'auteur d'une nouvelle traduction de Dickens, rend enfin tout son éclat à la prose de Karen Blixen, en proposant au lecteur français une traduction fidèle de l'original danois de La ferme africaine, un des titres les plus populaires de la littérature du vingtième siècle.blixen dk

Présentation d'amazon.fr : Qui ne sait pas que La Ferme africaine est une grande histoire d'amour ? Mais, contrairement à ce que laisse supposer le superbe film de Sydney Pollack (Out of Africa), on sait moins que le plus grand amour de Karen Blixen est l'Afrique. Avant même Denys Finch Hatton, le chasseur d'éléphants, cet "homme au coeur pur" qui écoute inlassablement ses histoires, le coeur de Karen Blixen bat pour les splendeurs ocres du continent africain et la noblesse de ses habitants.

Mon avis

blixen dk 2Mais pourquoi vous demandez-vous (entre autres avec un tel pseudo) n'as-tu pas lu ce livre avant ?
1/ parce que j'avais peur de lire une bluette sur fond ocre, comme les montagnes Ngong et la terre d'Afrique, comme Out of Africa ;
2/ parce qu'une traduction d'une traduction : sans moi (le livre fut traduit en français depuis l'anglais en 1942, mais il semble que la version anglaise fut, au moins, relue/revue par Karen Blixen), donc, j'ai patienté jusqu'à la traduction d'Alain GNAEDIG : avec un tel nom, sonnant si danois ou norvégien(pourquoi pas un "æ" au lieu de "ae" dans son nom de famille ?), la traduction ne peut qu'être "dans l'esprit" [parenthèse : entre une bonne traduction et une traduction qui conserve l'esprit, la poésie, je préfère la deuxième] (et Alain Gnaedig a reçu un prix pour cette traduction). Il écrit d'ailleurs dans l'avant-propos qu'il espère avoir traduit "la musique de Karen Blixen, sa voix, son style si particulier".blixen dk 3

Dès la sortie de cette nouvelle traduction, je me suis précipitée pour l'acheter (en 2005) et depuis, ce livre patientait sur ma PAL "urgente" (c'est-à-dire au pied de ma table de chevet !), repoussant à chaque fois sa lecture. Finalement, grâce à une lecture comune, ce fut l'occasion de me jeter à l'eau.

Et là, j'ai pris une claque ! Brûlante comme l'Afrique. Allez, une deuxième citation : page 16 :
Ici, l'élément essentiel du paysage et de la vie n'était autre que l'air lui-blixen dk 4même. Lorsque l'on se remémore un séjour de plusieurs années dans hautes terres d'Afrique, on est saisi, car on a l'impression d'avoir longtemps vécu dans les airs. Le ciel n'était jamais très bleu, mais souvent pâle et si lumineux que les yeux le fixaient avec peine ; un royaume de nuages immenses, impondérables et fluctuants se dressait à l'horizon, le traversait et s'y perdait.

Et tout le récit est un cri d'amour poétique à sa vie en Afrique.
Pas chronologique, mais en fonction de ce qui lui revient en mémoire (ainsi, le Vieux Knudsen, ancien marin danois apparaît, meurt et est évoqué à nouveau plus loin, cela peut donner une impression brouillonne). Elle parle des "nègres" (remettre dans le contexte de l'époque), de "ses gens" dont elle s'occupera, les soignant (comme elle le peut), créant une classe pour leur apprendre à lire, elle s'en occupera, même lorsqu'elle devra vendre sa ferme (leur cherchant une nouvelle place). Sa ferme et ses gens, ce sont sa vie. Sa vie en Afrique nous semble si "moderne", alors que les actions qu'elle menait à l'époque étaient quelque peu "révolutionnaires".

Isak Dinesen... Pourquoi un pseudonyme ? Nous sommes dans le premier tiers du XXème siècle, une femme n'écrit pas, voyons blixen dk 5(Colette est une exception) ! Elle écrit donc (et avant son mariage et donc avant La Ferme africaine) en utilisant son nom de naissance et un prénom masculin, comme George Sand. Malheureusement, elle n'est pas reconnue. Elle le sera avec cette oeuvre grandiose, connue et reconnue internationalement.

Sans doute n'a-t-elle pas évoquée sa liaison avec Denys Finch Hatton, justement parce que ce récit était sensé être écrit par un homme (attention ! c'est ma propre interprétation) et à destination de sa famille, qui ne comprenaient pas sa vie en Afrique, si différente de ce que pouvait être la vie dans une famille aisée au Danemark. 
Et si elle ne l'évoque pas directement, on se doute de ses sentiments, surtout lorsque Denys décède. Elle n'en parle pas non plus parce que l'adultère est condamnable(pour une dame, alors que son mari est un trousseur de jupons) (Ils emménagent en 1913 au Kenya, ne divorcera qu'en 1925 (même s'ils sont séparés depuis 4 ans)), mais c'est sans équivoque quand elle écrit en 1923 à son frère Thomas (voir Lettres d'Afrique) (pas encore divorcés...) qu'elle est "liée à lui blixen no 1[Denys], qu'elle l'aime (clic)" [je vous fait grâce de sites en danois, très complets sur sa vie et son œuvre, les sites anglo-saxons, dont celui cité (musée au Danemark, disponible en danois et en anglai) sont accessibles, surtout avec glouglou traduction !]

En Afrique, quand on a la chance de tomber sur un ouvrage digne d'être lu parmi tant d'épouvantables arrivages que de bons navires nous apportent d'Europe, on le lit comme l'auteur rêverait qu'il soit lu (page 106).

Je l'ai lu, alors qu'il faisait encore chaud en octobre, sans feu de cheminée (sa ferme était située à deux mille mètres d'altitude).
Je m'attendais à un style d'écriture plus "daté" entre deux guerres, mais non, le style (transcrit aussi grâce au traducteur) est résolument poétique, moderne, mélancolique, musical (le bruit de l'air), visuel (le Ngong) : une grande fresque !

Mais pourquoi n'ai-je pas lu ce livre plus tôt ? 

Sites des musées Karen Blixen au Kenya (clic) et au Danemark (clic) où on en apprend plus sur sa vie.

Des couvertures danoises à gogo, une norvégienne et une suédoise (dans l'ordre).

Voyons ce qu'en pense les autres lectrices, George, sous le charme, Sharon, émue et MimiPinson, enchantée

 

voisins_voisines scandinavie_blanche et...challenge vik lit bambi
chez Kathel           chez Prune                chez Bambi Slaughter

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Commentaires
L
enfin, je présume... mais vu l'époque, cela semble fort probable !<br /> <br /> je me souviens au Danemark, j'avais vu à la biblio de la fac ses livres avec les deux noms Blixen et Ibsen ! Sur ces derniers, sur la couvertures, étaient écrit, en plus petit sous Isak Ibsen, Karen Blixen.
G
J'ignorais que ce livre avait été écrit sous pseudo et pour les raisons que tu évoques... Dans mes projets de lecture off course !
L
petite joueuse !!!!!
A
Ah non pas en danois :)
L
en danois aussi ??????
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