Attila ou la Magie Blanche
Gilles Del Pappas
499 pages
Editions Au-delà du Raisonnable (juin 2010)
Quatrième de couverture
Un matin de 1954, Marius Jacob se souvient de son passé, de son enfance à Marseille, de ses voyages, des camarades de la cause anarchiste, qu’il épouse. Et puis de sa rencontre avec Rose, une jeune comédienne engagée par la Star Films de Georges Méliès et flanquée de Jean, un amnésique de deux mètres qu’elle accompagne sur la piste de sa mémoire perdue. À l’époque, l’insaisissable Marseillais signe ses coups « Attila ». Avec sa bande des Travailleurs de la nuit, il porte la cambriole au rang d’art, subtilisant leurs biens aux profiteurs d’un système qu’il dénonce. Dans ce roman d’aventures, les épisodes basés sur des faits réels (mais pas toujours) racontent aussi une histoire du cinéma, depuis l’âge des cavernes jusqu’au siècle de son invention. On y croise les acteurs, célèbres ou anonymes, d’un temps qui voit naître bien des combats qu’il ne faut pas abandonner tant qu’ils ne sont pas gagnés.
Prix Inter Rhône 2010, Journée du livre de Sablet
Gilles Del Pappas est né dans le quartier du Racati, à Marseille. Photographe, réalisateur et grand voyageur, il se consacre depuis quinze ans à l’écriture. Lauréat du Grand Prix de Provence pour l’ensemble de son œuvre, riche de plus de trente romans, il est l’un des chefs de file d’un courant noir venu du Sud, la face méditerranéenne d’une littérature où la tradition du récit est sans cesse nourrie d’ailleurs. Ultraprésent dans les manifestations littéraires (salons, prix, débats, dans les universités et divers centres de formation), en signature ou en qualité de directeur artistique, Gilles Del Pappas est toujours au rendez-vous lorsqu’il s’agit de rencontrer ses lecteurs [il était d'ailleurs début septembre à Fuveau, clic]. Il fait partie de cette grande confrérie des auteurs de littérature noire tout autour du bassin méditerranéen (Montalban, Yasmina Khadra, Ledesma...) qui rayonne jusque dans le Nord où là aussi un large public connaît et aime ses romans écrit dans une langue directe, ample, généreuse et fédératrice.
Mon avis
* Pages 491 à 499 : un glossaire des mots et expressions typiquement marseillais ou provençales, utiles aux non-locaux ! (un conseil : commencer par lire ce glossaire, on y apprend des choses... comme l'ancien nom de la rue des Accoules)
On croise un homme préhistorique, Platon, Roger Bacon, Louise Michel, Joseph Plateau, Paul Gauguin, Jean-Baptiste Olive (peintreprovençal), on se promène à Marseille, aux pieds de Sainte Victoire... On boit un café aux 2 G, café toujours très célèbre à Aix-en-Provence... Et d'autres personnages célèbres qui croisent le destin de Marius Jacob : Maurice Ravel et Pablo Picasso (ah la rencontre de Rose avec le musicien et le peintre), Picabia, Georges Braque, Alfred Jarry qui monte "Ubu Roi", Trotsky, Victor Gelu (poète provençal), le professeur Charcot, Léon Czolgosz et surtout Georges Meliès ainsi que Willy et Colette !
Page 286, nous croisons Maurice Leblanc, qui s'est inspiré du vrai Marius Jacob pour Arsène Lupin, son gentleman cambrioleur, car Marius Jacob, anarchiste, vole les riches pour redistribuer et garde une petite partie pour "la cause".
Ce livre est un régal : la vie tumultueuse de Marius et Rose, trépidante. Gilles del Pappas prévient : il s'est inspiré du vrai Marius Jacob et a brodé... Malgré le pavé de presque 500 pages, on dévore ce livre. Très documenté, on y apprend, par exempl,e l'origine du mot "Cop" pour désigner les policiers américains (page 289) ou l'origine du mot Klu Klux Klan (page 298) [une autre explication serait le bruit du fusil que l'on arme] ou encore l'invention du hot-dog (page 379).
Deux citations prêtées à Colette :
* Je me vante d'avoir grandi, mûri, vieilli dans la familiarité du vin? A le tutoyer dès l'enfance, on perd l'esprit d'intempérance et de gloutonnerie et on acquiert, on forme son goût personnel.
* Quand on est écrivain, il faut, avec les mots de tout le monde, écrire comme personne.
En bref : à lire !
Merci à et aux éditions pour ce roman !